Il est ainsi dans la vie, Jahill, du genre à donner du « tonton » à la ronde, du « poto », du « palots » pour dire « euros », un gros éclat de rire jamais bien loin ; à mi chemin entre Renaud et Alpha Blondy, conscient qu’il n’a nullement besoin de se la raconter pseudo-jamaicain pour faire exister sa plume.
C’est un peu ce que dit « Paname Skank », nouvel opus d’un vrai bonhomme, solide, l’aboutissement d’une prise de conscience entamée depuis son premier album « Une époque formidable » (2008), le fruit de deux décennies d’activisme musical…
Le temps qu’il lui aura fallu pour digérer ses nombreuses influences, du Reggae au Hip-Hop, de l’Afrique aux Caraibes ( Paname, Boomerang ), en passant par la chanson française, comme en atteste sa poignante reprise de « Bidonville » de Claude Nougaro, qui tourne en boucle sur RFI.
Sur « Paname Skank », Jahill revet l’habit du conteur, on passe de la déclaration d’amour ( Si c’est un crime ) à la déclaration d’amitié ( Mon poto , coup de cœur sur FIP ), on trouve de l’engagement plein d’argot et d’humour ( Si j’étais président, G.I Joe ) , sans toutefois devenir le bouffon de la cour ; s’il revient du Burkina Faso en 2006, son vibrant hommage au président des pauvres ( Sankara ) ne lui sortira des tripes que 6 ans plus tard, d’un trait, en une heure.
Coté collaborations, Jahill imagine « Un monde sans couleurs » en compagnie de Gappy Ranks, l’enfant terrible du reggae Britannique, tandis que sa rencontre avec la Trinidadienne Queen Omega s’est transformée en véritable amitié sur « International Love », qui passe autant sur D17, MTV Base, que sur les télévisions Haitiennes, Trinidadiennes et Africaines.
Derrière les textes, il y a la musique. Pour réaliser ses compositions, Jahill a posé ses valises au studio Dubwise Factory, et fait appel à la crème des musiciens hexagonaux : l’incontournable duo Bost & Bim, le vétéran Yovo M’Boueke (Khaled, Rachid Taha, Tonton David), le saxophoniste Guillaume « Stepper » Briard ( Sly & Robbie, Horace Andy ), T’n’T ( Tairo, Mr Toma, Tumi & the Volume) Jason Wilson & Courtney « Bubbla » Edwards ( Admiral T, Jimmy Cliff, Sizzla ).
Le tout donne vie à une production soignée, ou les arrangements se font discrets , au profit du rythme et des mots.
Sur scène, Jahill c’est un sourire plein de gouaille et de tendresse à la fois, jamais complètement ou on l’attend, que ce soit avec son DJ, en acoustique, ou avec ses 4 musiciens du Paname International, il le dit lui-même : « Si t’es pas en sueur de la tete aux pieds quand tu sors de scène…change de métier ! »
Six ans après avoir conté une époque formidable, Jahill ouvre une fenetre sur le monde…depuis Paname !